Comme chaque mois, retrouvez la revue du web des actualités qu’il ne fallait pas manquer sur les champs de l’égalité pro, de la mixité et du leadership équilibré.
L’institution du mois : une nouvelle Commission européenne quasi paritaire
Ursula von der Leyen, le nouveau visage élu en juillet dernier pour présider la Commission européenne, a annoncé ce 9 septembre 2019 la liste des 26 commissaires de sa future équipe. Si cette liste doit encore être approuvée par le Parlement européen, elle a le mérite non négligeable de respecter un des objectifs fixés : la parité ! De fait, avec 13 femmes et 14 hommes, la nouvelle équipe présente un équilibre quasi parfait. Un grand progrès en comparaison de celle de Jean-Claude Juncker, qui était composée de 9 femmes et 19 hommes. L’égalité F/H est aussi à l’agenda d’autres institutions européennes et internationales. Après avoir posé une définition européenne du sexisme à combattre en mars dernier, le Conseil des Ministres du Conseil de l’Europe a publié ce mois un clip pédagogique destiné à faire prendre conscience des impacts néfastes des comportements sexistes. Du côté du FMI, le nom de Kristalina Georgieva est sorti ce mois pour prendre la relève de Christine Lagarde à la direction générale de l’institution internationale. Seule candidate européenne pour reprendre le poste, cette ancienne vice-présidente de la Commission européenne et directrice générale de la Banque mondiale devrait être auditionnée par le Conseil d’administration du Fonds d’ici le 4 octobre 2019.
La nomination du mois : Teresa Bellanova, portrait d’une ministre au parcours pas comme les autres
Le nouveau gouvernement italien (21 ministres, quatorze hommes et sept femmes) a prêté serment ce jeudi 5 septembre devant le président Sergio Mattarella. Teresa Bellanova, la nouvelle ministre chargée des Politiques agricoles, alimentaires et forestières, a fait couler beaucoup d’encre dès son arrivée. Pour des raisons regrettables d’une part, car elle a fait l’objet d’attaques sexistes fondées sur son apparence physique et sa tenue vestimentaire, comme ce mois la journaliste américaine Maggie Vespa, qui a publié une vidéo pour inviter chacun·e à être plus libre en respectant la liberté des autres. Et pour son parcours atypique : Teresa Bellanova s’est en effet hissée au poste de ministre sans passer par la case études supérieures. Née dans le sud des Pouilles, elle a commencé sa carrière en tant qu’ouvrière agricole dès la fin du collège, à l’âge de 14 ans. Elle a ensuite travaillé près de 30 ans au syndicat de la Fédération nationale des ouvriers agricoles (Federbraccianti) où elle s’est notamment battue contre le caporalato, système illégal au travers duquel des intermédiaires mettent en relation propriétaires terriens et main d’œuvre agricole précaire, avant de commencer sa carrière politique en 2006 au sein du parlement italien.
Le sommet du mois : les ministres des droits des femmes du Commonwealth joignent leurs forces à Nairobi
Les ministres des droits des femmes issu·e·s des 53 pays du Commonwealth se sont réuni·e·s à Nairobi au Kenya les 19 et 20 septembre 2019 en vue de bâtir une stratégie commune en matière d’égalité F-H. Cette rencontre fut l’occasion de dresser un état des lieux des progrès accomplis (notamment en termes d’accès aux soins de santé maternelle, de scolarisation primaire et de participation des femmes au marché du travail) mais aussi d’aborder les efforts qui restent à fournir. En termes de leadership politique par exemple : alors que les pays du Commonwealth s’étaient fixés pour objectif d’atteindre 30% d’élues politiques, seuls 10 pays affichent un tiers ou plus de femmes ministres. Du côté législatif, constat est fait que 20 pays membres ne possèdent aucune loi sur le harcèlement sexuel au travail. La coopération internationale s’avère ainsi plus que nécessaire pour atteindre les objectifs d’égalité F-H fixés par l’agenda 2030 de l’ONU.
Le discours du mois : Michelle Williams dénonce les inégalités salariales aux Emmy Awards
Récompensée le 22 septembre aux Emmy Awards pour sa performance dans la série Fosse/Verdon, Michelle Williams a adressé lors de son discours le brûlant sujet des inégalités salariales à Hollywood. L’actrice sait de quoi elle parle : en 2017 elle n’avait touché que 1% du salaire de son collègue Mark Wahlberg pour le film « Tout l’argent du monde », ce qui l’avait amenée à gravir les marches du Capitole en avril dernier pour inviter le Sénat américain à légiférer pour plus d’égalité. Mais elle n’est pas la seule à être touchée par ce problème. Début septembre c’était Adele Lim, la co-scénariste de Crazy Rich Asians, qui annonçait son départ de l’écriture des futurs volets de la comédie romantique après avoir appris qu’elle ne devait gagner qu’un huitième du salaire de son collègue Peter Chiarelli. La controverse a donné lieu à un nouvel hashtag sur les réseaux sociaux : #NotWorthLess. Lancé par la productrice Deirdre Mangan, qui dénonce les écarts de salaire à partir de sa propre expérience, le mot-clé a ensuite été repris et alimenté par les témoignages de dizaines de femmes au vécu similaire. Le 15 septembre, le Guardian relayait une récente étude réalisée par 3 économistes qui se sont attelé·e·s à analyser les salaires de 256 acteurs et actrices ayant joué dans 1343 films entre 1980 et 2015. Le constat est sans appel : les hommes d’Hollywood touchent en moyenne 1,1 millions de dollar de plus par film que leurs homologues féminines de même expérience. Et la tendance est à l’inertie, comme le commente Sodia Izquierdo Sanchez, co-autrice de l’étude : « L’écart est persistant : il est presque le même en 2015 qu’en 1980. Il n’y a aucun signe d’amélioration ».
Le jeu du mois : Monopoly prend le train du leadership féminin
Qui ne connaît pas le Monopoly ? Ce jeu d’investissement financier est l’un des plus déclinés au monde : après Monopoly Star Wars, Monopoly Ghostbusters ou encore Monopoly France viticole, il était grand temps d’investir sur les investisseuses ! Coup d’éclat ce 10 septembre, avec l’annonce faite par Hasbro de la sortie prochaine de « Ms. Monopoly », « Le premier jeu où les femmes gagnent plus que les hommes ». Remercié le petit moustachu avec son mythique chapeau haut de forme, qui passe le relai à sa nièce, une investisseuse dynamique et assurée. La nouvelle version ne se limite pas à un changement de visage, elle promeut aussi un changement de paradigme : plutôt que d’acheter des propriétés, on mise sur des innovations créées par des femmes, comme le Wi-Fi ou le chauffage solaire. Au-delà de revaloriser la postérité des figures féminines de la science pour lutter contre l’effet Matilda (alors que l’invention même du Monopoly fait débat : on mentionne volontiers le nom de Charles Darrow, en oubliant celui d’Elizabeth Magie, qui y aurait plus que largement contribué), le jeu sensibilise aussi aux écarts de salaires en inversant la tendance. Cette fois, ce sont les femmes qui débutent avec une plus grosse mise de départ et qui touchent davantage au moment de passer par la case « départ » !
Valentine Poisson pour le webmagazine EVE