Avant de se projeter vers une nouvelle année 2019 que l’on vous souhaite riche et épanouissante tant sur le plan professionnel que personnel, l’heure est au bilan des temps forts de 2018.
Janvier 2018 : L’Europe est déterminée à en finir avec les inégalités salariales
Ça bouge en Europe, dans le champ des écarts de rémunération. L’Islande a instauré une nouvelle loi qui prévoit l’obligation pour les entreprises d’obtenir la certification d’une « norme d’égalité salariale », sous peine d’amendes. L’Allemagne, elle, fait le pari de la transparence : une nouvelle loi en ce sens est entrée en vigueur le 8 janvier 2018. Une mesure législative est également discutée en Irlande et en Grande-Bretagne. Même tonalité en France avec la loi avenir professionnel : le nouvel « index » de l’égalité femme-hommes défini en novembre 2018 devra ainsi être communiqué publiquement dès mars 2019 pour les entreprises de plus de 250 salarié·e·s.
Février 2018 : Médaille d’or de la parité pour les JO de Pyeongchang
Avec 47% d’athlètes féminines, les Jeux d’hiver ont explosé tous les records en matière de parité. Aujourd’hui, une seule discipline olympique hivernale reste inaccessible aux femmes : le combiné nordique (mais ça devrait changer en 2022). Toutes les autres sont ouvertes aux deux genres et plusieurs sports font figure de modèles en étant pratiqués en mixité : le curling (star de ces Olympiades !), le slalom parallèle de ski alpin par équipe, le big air snowboard, le relais de biathlon…
Mars 2018 : Une 20e bougie pour le programme Unesco-L’Oréal pour les Femmes et la Science
Cet ambitieux programme qui a déjà couronné plus de 100 femmes scientifiques de premier plan, dont trois ont par ailleurs obtenu un Prix Nobel, œuvre sans relâche à l’accroissement de la participation des femmes à la science : mise en visibilité des grandes femmes scientifiques contemporaines, octroi de bourses à des doctorantes, stimulation des vocations scientifiques avec le Programme pour les filles et la science… Et ça marche ! À en croire les résultats du dernier test « draw a scientist », administré aux États-Unis depuis les années 1960, les stéréotypes métiers du scientifique n’ont de cesse d’évoluer dans l’imaginaire collectif : alors qu’entre 1966 et 1977, moins d’1% des enfants portrayaient des scientifiques de sexe féminin, ils sont en moyenne 28% à le faire entre 1985 et 2016.
Avril 2018 : Nombre record de femmes récompensées au Prix Goldman pour l’environnement
Ce « Nobel de l’écologie » récompensant les militant·e·s écologistes de tous les continents a pour la première fois récompensé 6 héroïnes de l’environnement parmi les 7 lauréat·e·s annuels. Dans la foulée du rapport ONU Femmes de février 2018, qui soulignait le double enjeu d’atteindre l’égalité femmes-hommes pour répondre aux grands défis contemporains, force est de constater que le rôle prépondérant des femmes en matière de préservation de l’environnement est de mieux en mieux reconnu.
Mai 2018 : Des élections municipales paritaires en Tunisie
Le 6 mai 2018 se tenaient les premières élections municipales tunisiennes depuis la destitution de Ben Ali en 2011. La parité, inscrite dans la Constitution tunisienne en janvier 2014, est presque observée avec 48% de candidates. Surtout, la grande avancée se situe au niveau des têtes de liste : 30% de femmes contre 13% en 2014. Espérons que le soutien législatif soit aussi efficace ailleurs. Au Japon par exemple, qui a adopté le 16 mai 2018 une nouvelle loi sur la parité en politique pour tenter d’équilibrer la représentation des femmes à la Chambre des représentants, où elles ne sont que 10,1%.
Juin 2018 : Lucie Aubrac et Barbara bientôt célébrées par des stations de métro parisiennes
L’espace public semblait fâché avec les femmes, qui y sont trop peu représentées : à Paris par exemple, seulement 5% des rues portent des noms féminins. En tout cas, quand la régie des transports franciliens a organisé une consultation pour nommer les deux nouvelles stations de la ligne 4 du métro parisien, les usager·e·s ont choisi d’honorer deux femmes : la chanteuse Barbara et la résistante Lucie Aubrac. Outre-Atlantique, la mairie de New York s’est également dotée d’un comité consultatif « She Built NYC » afin de commander des œuvres publiques mettant en visibilité le rôle des femmes dans l’histoire de la ville.
Juillet 2018 : Tous les postes opérationnels de l’armée française désormais ouverts aux femmes
Le retour de mission des quatre premières officières autorisées à rejoindre l’équipage d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, postes jusqu’alors réservés à leurs homologues masculins, est historique. En effet, il marque l’ouverture totale pour les femmes à tous les postes opérationnels des Armées françaises !
Août 2018 : « respect » à Aretha Franklin, reine de la Soul et femme d’engagements
Une reine s’est éteinte le 16 août 2018. Plus qu’une voix, Aretha Franklin restera dans les mémoires comme une femme résolument engagée pour la défense des droits des femmes et de la communauté afro-américaine. C’est en 1967 qu’elle entre dans la légende en remaniant le texte d’une chanson d’Otis Redding (qui exhortait originellement les femmes à la déférence envers leurs époux) en véritable hymne appelant à la tolérance universelle. R-E-S-P-E-C-T donc à la première femme à être honorée par le Rock’n’roll Hall of Fame, qui demeurera une puissante source d’inspiration pour de nombreuses générations.
Septembre 2018 : À Montréal, un sommet inédit réunit une quinzaine de ministres des Affaires étrangères pour promouvoir une diplomatie féministe
Un sommet inédit co-organisé par le Canada et l’Union Européenne s’est tenu à Montréal les 21 et 22 septembre 2018 en présence de seize femmes ministres des Affaires étrangères, soit la moitié de l’effectif global des femmes titulaires de ce prestigieux poste. Cet évènement, appelé à êttre récurrent, plante les graines d’un renforcement du rôle des femmes dans la collaboration internationale pour répondre aux défis mondiaux contemporains, notamment en matière de paix et de reconstruction post-conflit.
Octobre 2018 : Une trinité gagnante de cheffes économistes au sein des grandes organisations internationales
Le 1er octobre 2018, l’Indo-américaine Gita Gopinath a été nommée au poste d’économiste en chef du FMI. Une grande première pour la célèbre institution internationale, qui suit les traces d’autres grandes organisations qui ont nommé des femmes à des postes clés : en avril 2018, la Banque mondiale désignait l’économiste américano-grecque Pinelopi Koujianou Goldberg au même poste, tout comme l’OCDE deux mois plus tard avec la Française Laurence Boone.
Novembre 2018 : #EscapeTheCorset, ou quand les Coréennes détruisent leur maquillage pour attaquer les diktats de la beauté
Pour dénoncer la pression sociale qui les enjoint à se conformer aux critères d’une beauté physique irréaliste, les Coréennes ont décidé de détruire leur maquillage et de poster leur action en photo ou en vidéo sur les réseaux sociaux à travers le hashtag #EscapeTheCorset (#ÉchappeAuCorset). Ce mouvement de protestation s’inscrit dans la lignée de la déferlante mondiale #MeToo qui a provoqué le réveil du pays du matin calme : l’été dernier les Coréennes étaient déjà massivement descendues dans la rue pour manifester leur ras-le-bol contre le « molka », cette forme de harcèlement répandue consistant à filmer leurs sous-vêtements à leur insu.
Décembre 2018 : Le combat des femmes fait la Une du rapport annuel d’Amnesty International
La célèbre ONG a décidé de placer cette année « sous le signe de la résistance des femmes », selon la formule de son Secrétaire général, Kumi Naidoo. Le rapport annuel 2018 honore ainsi les voix des femmes qui promeuvent les droits humains de par le monde, en soulignant la permanence des inégalités dont elles font l’objet tout comme leur rôle fondamental dans nos grandes avancées sociétales.
Valentine Poisson pour le webmagazine EVE