Cette année, le mois de novembre semble être celui de la mobilisation : partout dans le monde, de la marche #NousToutes au hashtag #EscapeTheCorset, les femmes et les hommes engagé·e·s ont à cœur de signifier leur ras-le-bol des inégalités… Les États et les organisations se mobilisent aussi. Retour sur les actualités qu’il ne fallait pas manquer sur le front de l’égalité professionnelle, de la mixité et du leadership équilibré.
Les marches du mois : À Paris, à Marrakech, et partout dans le monde, on se mobilise contre les violences faites aux femmes
Les chiffres sont consternants : du coup de foudre au coup de poing, pas moins d’une femme sur trois sera victime de violences (coups, viol, abus) dans sa vie selon l’ONU, soit 1 milliard de femmes à travers le monde. À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre 2018, plusieurs dizaines de milliers de femmes et d’hommes ont répondu à l’appel du collectif #NousToutes pour défiler dans les rues parisiennes et porter « le cri de celles qui n’ont plus de voix ».
Au Maroc, c’est un autre collectif, « Je ne me tairai pas », qui s’est mobilisé pour la même cause le 10 novembre dernier en invitant les Marocaines à s’armer de sifflets pour investir l’espace public et dénoncer le harcèlement de rue.
Les entreprises sont également sensibles à ce fléau et font savoir leur engagement et leur soutien à l’égard des femmes victimes de telles violences : le 9 novembre dernier, 6 grandes entreprises françaises dont L’Oréal et SNCF ont signé conjointement une charte contre les violences faites aux femmes.
Le logiciel du mois : Le Financial Times se dote d’un logiciel pour inciter les journalistes à interviewer plus de femmes et lutter contre leur invisibilisation
Après la création d’un poste de gender editor au New York Times l’année dernière, c’est au tour du Financial Times de montrer l’exemple en matière de promotion de l’égalité F-H dans les médias. En effet, partant du constat que seulement 21% des interviewé·e·s dans ses pages étaient des femmes, le quotidien économique britannique vient de se doter d’un logiciel chargé d’avertir les journalistes lorsqu’elles/ils tendent à trop valoriser les experts au détriment des expertes.
Le pays du mois : L’Éthiopie à l’assaut du plafond de verre
Ces derniers temps, l’Éthiopie n’est pas en reste pour faire bouger les lignes de l’égalité. L’élection en octobre dernier de Sahle-Work Zewde à la présidence du pays a en effet pavé la voie d’une cascade de nouvelles prometteuses sur le plan du leadership équilibré. Après la composition d’un gouvernement paritaire en octobre dernier (le Rwanda et l’Éthiopie sont actuellement les deux seuls pays africains à pouvoir s’en féliciter), les nominations de femmes à des postes à responsabilités déferlent dans l’actualité.
Saluons ainsi l’élection à l’unanimité de la juge Meaza Ashenafi à la tête de la Cour suprême éthiopienne, ou encore la nomination de l’ancienne opposante Birtukan Mideksa à la tête de la Commission électorale. L’intérêt porté aux Éthiopiennes ne se limite d’ailleurs pas à celles qui font les unes des médias : les entrepreneures de petites et de très petites entreprises sont aussi à l’honneur avec la signature récente par la Banque européenne d’investissement d’un prêt de 30 millions d’euros avec le ministère éthiopien des finances et de la coopération économique destiné à soutenir l’entrepreneuriat féminin.
Le hashtag du mois : #EscapeTheCorset, quand les Coréennes détruisent leur maquillage pour protester contre la pression à l’apparence
Selon une étude Rimmel réalisée dans 10 pays à travers le monde, un quart des femmes âgées de 16 à 25 ans ont été victimes de cyberharcèlement lié à leur apparence. Un sujet qui semble résonner tout particulièrement en Corée du Sud où a récemment émergé le hashtag #EscapeTheCorset (#ÉchappeAuCorset).
Pour dénoncer la pression sociale qui les enjoint à se conformer aux critères d’une beauté physique irréaliste, les Coréennes ont décidé de détruire leur maquillage et de poster leur action en photo ou en vidéo sur les réseaux sociaux. Ce mouvement de protestation s’inscrit dans la lignée de la déferlante mondiale #MeToo qui a provoqué le réveil du pays du matin calme : l’été dernier les Coréennes étaient déjà massivement descendues dans la rue pour manifester leur ras-le-bol contre le « molka », cette forme de harcèlement répandue consistant à filmer leurs sous-vêtements à leur insu.
L’indicateur du mois : un nouvel index pour mesurer les inégalités salariales en entreprise
Le 3 novembre 2018 marquait la Journée européenne de l’égalité salariale. L’occasion pour les Glorieuses de rappeler qu’à partir du 6 novembre 2018, les Françaises travaillent « gratuitement » et de mettre en avant les résultats d’un sondage IFOP-Mad&Women selon lequel 73% de la population française pense que le gouvernement n’agit pas suffisamment pour résoudre les inégalités femmes-hommes.
La Loi Pénicaud « avenir professionnel » votée à l’été 2018 comporte un volet égalité salariale visant à réduire à néant l’écart inexpliqué (aujourd’hui de 9%) dans les entreprises de plus de 50 salarié·e·s. Un système d’évaluation a ainsi été rendu public par le gouvernement le 23 novembre dernier. À compter de mars 2019, les entreprises de plus de 1000 salarié·e·s devront donc publier le score de leur politique de réduction des inégalités à partir de 5 critères cardinaux tenant notamment compte des niveaux de rémunération ou encore de l’égal accès aux promotions. Les PME de plus de 50 salarié·e·s bénéficieront elles d’un délai jusqu’en mars 2020 pour prendre le pas de la transparence.
Pour s’attaquer aux inégalités salariales, d’autres pays font le choix de l’incentive financier. Le gouvernement australien vient par exemple d’accorder un fonds de 8 millions de dollars à la Workplace Gender Equality Agency pour améliorer son reporting et encourager l’égalité professionnelle au sein des organisations australiennes.
Valentine Poisson pour le webmagazine EVE