Un mot d’ordre auquel Claire, conseillère régionale et participante à la table ronde ELLE ACTIVE, adhère!
Lundi 17 septembre, à Lyon, la deuxième édition de la quinzaine de l’égalité homme/femme en Rhône-Alpes pré-ouvrait ses portes avec une journée de débats et de rencontres organisées par ELLE ACTIVE, en présence de Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des Femmes. Anne Thévenet-Abitbol, directrice éditoriale et artistique du programme EVE, était invitée à la table ronde « Stop à l’autocensure et à la culpabilité! »… Tout un programme, qui a séduit Claire, conseillère régionale Rhône Alpes. Témoignage.
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15 jours pour poser la question de l’égalité dans les termes justes et y apporter des réponses innovantes
« Je me suis rendue à cette table ronde d’abord au titre de femme, mais également au titre de conseillère régionale, membre de la commission vie associative de la Région qui porte le dossier de l’égalité homme/femme. Un des événements majeurs de cette commission est la quinzaine de l’égalité homme/femme en Rhône-Alpes. Ce sont quinze jours consacrés à ce sujet avec une multitude de débats, de rencontres, d’expositions, d’initiatives intéressantes… Une occasion de poser le problème dans les justes termes et de rechercher ensemble des réponses innovantes. Cette année la quinzaine s’est pré-ouverte (elle débutera officiellement le 5 octobre, ndlr) avec une série de tables rondes organisées avec le réseau ELLE ACTIVE. »
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La conciliation vie professionnelle/vie familiale, noeud gordien de l’égalité homme/femme
« Autant le dire tout de suite, ces deux tables rondes étaient passionnantes. J’en ai retenu trois points essentiels:
– Le premier, c’est que l’arsenal législatif permettant d’accéder à l’égalité existe et que l’enjeu est de le faire appliquer, de rendre possible sa réalisation concrète.
– Deuxièmement, il apparait comme évident que le noeud gordien de l’égalité, c’est l’articulation vie professionnelle/vie privée. Et ça, ça ne se décrète pas. Ca met en jeu les valeurs et l’organisation sociale. C’est une transformation profonde à opérer, dans laquelle les entreprises ont un rôle à jouer.
– Et c’est ce qui nous amène au troisième point : les entreprises aujourd’hui reconnaissent le problème, admettent que sans une meilleure conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale, la marche vers l’égalité est en panne. Mais elles ont du mal à s’investir dans ce dossier, qu’elles ont tendance à renvoyer sinon aux situations individuelles, en tout cas à la sphère sociale, et non à la sphère entrepreunariale. »
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Les grandes entreprises innovantes et les petites entreprises dirigées par des femmes ont compris l’enjeu
« A deux exceptions près : les grandes entreprises qui ont perçu les effets sur la performance d’une plus grande mixité de genre dans les effectifs et les instances dirigeantes et qui se donnent les moyens d’agir sur tous les leviers de l’égalité. C’est ce dont nous a parlé notamment Anne Thévenet-Abitbol. L’autre exception, ce sont les petites entreprises, quand elles sont dirigées par des femmes. Ca m’a beaucoup touchée, personnellement, car j’ai moi-même une fille qui a créé son entreprise à 35 ans, en partie parce que les entreprises dans lesquelles elle avait précédemment été salariée, ne lui offraient pas les conditions satisfaisantes pour articuler sereinement vie professionnelle et maternité. On a beaucoup parlé lors de ces tables rondes des jeunes créatrices d’entreprise, beaucoup de femmes ré-inventent aujourd’hui le travail. Ca mérite qu’on s’y arrête. »
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Ce que peut la Gen Y
« Plus généralement, il faut s’arrêter sur l’attitude des jeunes à l’égard des questions d’égalité homme/femme. Il se passe des choses essentielle dans la génération des 15-30 ans. Cette jeunesse n’est pas une jeunesse militante au sens où nous l’entendons, nous qui avons vécu les grands mouvements sociaux des années 1970. C’est une jeunesse qui négocie. Et notamment dans l’entreprise, avec laquelle elle veut instaurer un rapport donnant/donnant, gagnant/gagnant. Les filles de cette génération ne voient aucune raison de subir des pressions quand elles programment de faire un enfant, quand elles voudraient partir à 19 heures, quand on leur demande de prouver encore plus que les garçons qu’elles sont compétentes. Alors, elles préfèrent encore créer leur propre emploi, gérer leur agenda que de mettre leur talent au service d’organisations qui ne les valorisent pas assez. Quant aux garçons, ils ont eux aussi, envie de plus de liberté, dans la gestion de leur temps, ils ont envie d’investir d’autres domaines de leur vie que le travail. Ensemble, filles et garçons s’affranchissent de l’obligation de « se montrer », de la culture du présentéisme. Et ils sont suffisamment malins pour avoir compris que les acquis des femmes peuvent leur servir, qu’ils ont intérêt à être solidaires dans la transformation des organisations dans le sens d’une meilleure conciliation vie privée/vie professionnelle. »
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Et en politique, comment réussir la parité? Là aussi, en pensant la conciliation vie familiale/engagement citoyen!
« Après avoir assisté à ces tables rondes, je me dis, en tant qu’élue, qu’en politique, nous avons nous aussi des choses à apprendre et des transformations à opérer dans les comportements. exactement les mêmes problématiques. Nous avons un arsenal législatif à disposition, tout le corpus de textes sur la parité en particulier, mais nous sommes aujourd’hui freiné-es dans la réalisation de cet objectif d’égalité homme/femme par les problèmes de conciliation vie publique/vie familiale. Être investi en politique, c’est beaucoup de temps et de travail, des déplacements, des réunions, des choses à lire, à écrire, des prises de parole… Il ne faut pas aller chercher plus loin pour comprendre que les jeunes femmes qui ont des enfants et un travail n’arrivent pas à dégager encore de la disponibilité pour militer et prendre des responsabilités.
La représentativité des genres en politique passera elle aussi par la conciliation vie privée/vie familiale et c’est seulement à cette condition que le dispositif législatif pourra être efficace. Ca se joue aussi à l’échelle individuelle et à l’échelle des générations : les femmes de ma génération ont eu du mal à partager les tâches dans leur foyer, mais ce que j’ai entendu sur la génération Y me donne beaucoup d’espoir pour la suite… »
Témoignage recueilli par Marie Donzel
Pour aller plus loin :
– voir la vidéo des tables rondes dans son intégralité sur le site de la région Rhône-Alpes
– lire notre interview de Brigitte Grésy : « l’égalité professionnelle est aussi une affaire d’hommes »
– lire notre interview d’Emmanuelle Duez, présidente de Women’Up sur la génération Y
– lire notre interview d’Antoine de Gabrielli, co-fondateur de « Mercredi, c’est papa » sur l’implication des hommes et des organisations dans les questions d’égalité professionnelle
– lire nos interviews de Marc Grosser et Alexia Penent sur le dispositif de télétravail et ses effets sur l’articulation vie professionnelle/vie familiale chez Danone et notre interview d’Emmanuelle Lièvremont sur les solutions de parentalité en entreprise chez L’Oréal
– lire notre critique du livre de Barbara Polla « Tout à fait femme » qui évoque notamment les tensions entre vie familiale et carrière professionnelle
Comments 3
» A deux exceptions près : les grandes entreprises qui ont perçu les effets sur la performance d’une plus grande mixité de genre dans les effectifs et les instances dirigeantes et qui se donnent les moyens d’agir sur tous les leviers de l’égalité. » Moui, vous pouvez en citer beaucoup des grandes boîtes dirigées par des femmes ? Anne Lauvergeon, ah ben non, elle s’est faite débarquer ! Reste qui ? Reste Michèle Bellon, qui dirige ERDF et dont on ne parle JAMAIS ! Je la connais parce que je me suis intéressée à la question mais sinon on ne peut pas dire que ça se pousse au portillon pour mettre une femme dans le siège de PDG d’une entreprise du CAC40 !
Bonjour, Lucile, et merci pour votre commentaires. Comme vous, nous avons noté l’absence regrettable des femmes à la direction générale des grandes entreprises françaises, en soulignant également qu’Anne Lauvergeon ayant été exclue de ce club, plus aucune femme n’en faisait désormais partie.
Le programme EVE et les entreprises qui y participent ont précisément pour objet de renforcer la présence des femmes à tous les niveaux de management et de responsabilité, de façon à enrichir les « viviers » de femmes à très haut potentiel, susceptibles précisément de briser le plafond de verre et d’accéder aux postes de direction générale, naturellement, parce qu’elles le méritent et que leur mérite sera reconnu.
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