Caroline et Noémie sont sœurs. La première est professeure des écoles, la seconde travaille pour le Programme EVE. Ensemble, elles ont couru la Sénégazelle, une course féminine solidaire qui permet de collecter et distribuer du matériel scolaire à des enfants. Retour sur leur expérience.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de lancer la Sénégazelle ?
Caroline : Maman de quatre enfants, je suis professeure des écoles en classe maternelle et j’aime la course à pied. Quand j’ai pris connaissance de cette course, je me suis dit que c’était fait pour moi. J’allais aussi avoir 40 ans et l’idée était de relever un défi pour passer ce cap.
Noémie : La première raison était que j’avais envie de suivre Caroline dans ce défi. Ma sœur a une vie bien remplie entre sa vie de famille et sa vie professionnelle. La Sénégazelle fut l’occasion pour nous de profiter d’un moment entre sœurs, juste elle et moi, pendant une semaine.
L’autre raison fut le challenge, tant sportif que solidaire. J’avais envie de me dépasser et de me lancer dans un projet complètement nouveau pour moi. J’aime courir et je me suis toujours intéressée à l’éducation. Cette course était un bon moyen d’allier les deux.
Quels étaient les objectifs de cette course ? Ont-ils été atteints ?
Caroline : Suite à notre inscription, le premier objectif que je me suis fixé était de garder une forme physique et de m’entraîner à la course. J’avais conscience que les conditions seraient bien plus difficiles que quand je cours chez moi. Avec Noémie, nous nous donnions rendez-vous certains week-ends pour faire un footing et nous amusions à comparer nos performances.
Ensuite, le défi solidaire a pris place avec l’organisation d’un cross : recherche de partenaires, préparation matérielle et intervention auprès des enfants pour les sensibiliser à la cause.
Noémie : L’objectif de cette course est d’apporter du matériel scolaire à des écoliers qui vivent dans des régions reculées du Sénégal. La course, finalement, n’est qu’un prétexte à cette action humanitaire. Mais elle a quand même permis d’allier plaisir et solidarité. Les objectifs ont largement dépassé nos attentes.
Dans sa globalité, la participation des 70 gazelles a permis de collecter 2 tonnes de matériel scolaire et fournir 2500 enfants afin qu’ils puissent continuer leur scolarité à la rentrée prochaine.
De manière plus personnelle, l’épreuve sportive n’était pas évidente, mais nous avons réussi toutes les deux à participer aux 5 courses organisées à travers la brousse et atteindre la ligne d’arrivée à chaque étape ! Au-delà de l’épreuve sportive, c’était surtout des rencontres inoubliables avec les autres gazelles, mais aussi avec les enfants en classe, les mamans des villages, les organisateurs. C’était très fort humainement ! Ce fut une semaine très riche en émotions, en dépassement de soi et en amour.
Pouvez-vous nous parler de quelques temps forts de l’aventure ?
Caroline : La première arrivée. La solidarité entre les gazelles. Nous venions toutes d’horizons très différents et nous sommes rendu compte que nos différences étaient une force et nous permettaient d’être complémentaires.
Un lien particulier qui se tisse avec les femmes qui courent au même rythme que nous. Nous nous attendions, nous nous encouragions et passions les lignes d’arrivée main dans la main.
Un enfant qui vient me chercher sur le parcours et avec lequel je passe la ligne d’arrivée. Il m’a raccompagnée jusqu’à mon logement et est venu me voir tous les jours et me disait « tu es mon amie ».
Des enseignantes qui gèrent des classes de 50 à 70 élèves et qui se font respecter. Elles ont leur bébé dans leur dos et les allaitent pendant la classe. Elles allaitent les plus jeunes élèves quand elles voient qu’ils ont faim… Quel don de soi !
Des sourires et des mercis d’enfants quand on leur distribue les fournitures ou que l’on joue avec eux. Des plaisirs simples et beaucoup de reconnaissance.
Noémie : Les lignes d’arrivée m’ont beaucoup marquée. Nous étions accueillies par une haie d’honneur d’écoliers, avec un mélange de djembés, de danses, de chants… A en donner des frissons !
Une fois les dotations scolaires distribuées dans les classes, nous restions une heure ou deux avec les enfants dans les classes et nous jouions à des jeux préparés par les classes de l’école de Caroline. Ce sont ces moments que je garderai le plus en mémoire.
Aviez-vous déjà mené des projets entre sœurs ? Qu’est-ce que cette expérience a apporté à votre relation ?
Caroline : C’est le premier grand projet que nous menons rien que toutes les deux.
Une nouvelle expérience à deux et bien plus que des souvenirs ! Il n’est pas facile de raconter ce que nous avons vécu. Des expériences telles que la Sénégazelle se vivent, difficile de les raconter.
Je me suis rendu compte que lors de cette aventure, notre différence d’âge et mon instinct maternel étaient toujours papables ! Je me demandais toujours où était ma petite sœur, j’allais systématiquement la rechercher sur la parcours de course…
De son côté, Noémie a l’habitude de voyager. Elle m’a à la fois mise en garde et permis de relativiser face à certaines situations. Nous avons été complémentaires je pense !
Prêtes à renouveler l’expérience en tous les cas !
Noémie : Pour moi, ça coulait de source que nous devions réaliser ce projet ensemble. Nous sommes proches avec des tempéraments similaires. J’ai confiance en elle. Caroline aime relever des défis et donner de son temps. J’espère que nous aurons l’occasion de pouvoir répéter l’expérience ! Je suis très fière d’avoir réalisée la Sénégazelle avec Caroline.
La sororité, c’est aussi le lien qui peut unir des femmes entre elles, sans qu’elles soient sœurs à proprement parler. Au-delà d’une simple « solidarité féminine », c’est le sentiment d’appartenance à une communauté unie par des valeurs fondamentales et des objectifs partagés par toutes. La Sénégazelle veut-elle contribuer à nourrir ce sentiment de sororité et de quelle façon ?
Caroline et Noémie : Lors de cette expérience, les gazelles étaient très soudées, envahies par ce même élan de solidarité. Au départ, nous avons dû faire face à nos appréhensions. Nous avions peu d’informations sur le lieu où nous allions, comment les journées allaient se dérouler, si les terrains étaient difficiles ou non… Un élan de soutien s’est installé très rapidement entre nous et a vraiment permis de passer outre nos appréhensions. Nous venions toutes de régions différentes, de milieux différents, avec des âges différents (la plus jeune avait 17 ans, la sénior de l’équipe avait 65 ans !). Toute cette diversité a enrichi ce voyage et unifié le groupe. Plusieurs semaines après le voyage, nous vibrons encore grâce à ces rencontres. Nous avons gardé contact avec beaucoup de gazelles. Nous communiquons régulièrement et beaucoup sont prêtes à renouveler le défi au Sénégal, au Népal, à Madagascar ou ailleurs !