« En mai, fais ce qu’il te plait ! » – Injonction quelque peu paradoxale qui demande encore de réelles avancées sur le plan de la mixité, de l’égalité professionnelle et du leadership équilibré. Revue des grandes actus qui donnent à espérer !
L’engagement du mois : 300 chercheurs espagnols s’engagent pour partager la parole avec les femmes
Près de 300 chercheurs espagnols se sont mobilisés pour lancer le collectif « No Sin Mujeres », ayant pour objectif de favoriser la présence féminine en sciences sociales. Pour cela, un manifeste publié sur Twitter engage ses membres à refuser de prendre part à un évènement scientifique (congrès, table ronde, conférence, etc.) si parole n’est donnée à au moins une femme. Les 967 demandes d’adhésion dès la première semaine sont une belle illustration de l’engagement croissant des hommes pour œuvrer vers un leadership équilibré, et font écho à des initiatives similaires, comme le mouvement #JamaisSansElles en France.
Le grand écart du mois : des niveaux de retraite toujours très inégalitaires
Par-delà la vie active, les inégalités se poursuivent : c’est le constat du dernier rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, qui pointe un écart de pensions de retraite de 38,8% entre retraités et retraitées français·e·s (1 739 € de pension moyenne de droit direct pour les hommes, 1 065 € pour les femmes). Cette inégalité ne se borne pas au cadre français : au Royaume-Uni, une recherche du ministère britannique du travail et des retraites publiée en mars 2018 fait état d’un écart hebdomadaire de pensions de 85 £, presque le triple par rapport à 2006 où il était de 31 £. Cette disparité expose inéluctablement les retraitées à davantage de pauvreté : selon le rapport 2016 de l’Institut national de la sécurité des retraites américain, les femmes sont 80% plus susceptibles que les hommes de subir une telle situation de précarité. Et c’est de pire en pire avec les années : entre 75 et 79 ans, le risque de pauvreté des Américaines est multiplié par 3 par rapport aux Américains.
Le projet de loi du mois : la directive européenne « vie privée/vie professionnelle » qui fait débat
Un projet de directive européenne, intitulé « vie privée/vie professionnelle », propose d’élargir l’indemnisation du congé parental et de le cadrer davantage. La proposition : accorder à chaque parent 4 mois de congé parental, indemnisé selon le barème de l’assurance maladie. Une révolution pour de nombreux pays européens comme l’Allemagne, la Croatie ou encore la République Tchèque, où ce congé pour nouveau papa n’existe pas. Alors que le recours des pères aux modalités permettant de concilier vie pro et vie perso telles que les congés a démontré ses incidences positives sur la réduction du travail familial non rémunéré des femmes, la France a marqué ses réticences à cette nouvelle directive au motif qu’une indemnisation à 50% du salaire brut grèverait trop les finances publiques. Elle n’est pas la seule : 14 pays de l’Union, dont l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Autriche, sont défavorables au projet. Le texte sera voté (ou pas) le 21 juin 2018 au Conseil de l’Union européenne.
Le scrutin du mois : des élections municipales paritaires en Tunisie
Dimanche 6 mai 2018 se tenaient les premières élections municipales tunisiennes depuis la destitution de Ben Ali en 2011.
La parité, inscrite dans la Constitution tunisienne en janvier 2014, est presque observée : 48% de candidates, ce qui est à peine plus que les 47% des élections législatives tunisiennes de 2014. La grande avancée se situe plutôt au niveau des têtes de liste : 30% de femmes cette fois contre 13% en 2014. Espérons que le soutien législatif soit aussi efficace ailleurs. Au Japon, par exemple, qui a adopté le 16 mai une nouvelle loi sur la parité en politique pour tenter d’équilibrer la représentation des femmes à la Chambre des représentants, où elles ne sont que 10,1%.
Le festival du mois : Cannes à l’ère post-Weinstein
À l’ère post-Weinstein, le monde du cinéma semble déterminé à faire bouger les lignes. Le ton de l’édition 2018 du Festival de Cannes fût donné par la spectaculaire montée des fameuses marches par 82 femmes, dont sa présidente Cate Blanchett, qui compte parmi les co-fondatrices du mouvement Time’s Up. Un chiffre hautement symbolique : 82, c’est le nombre de femmes retenues pour concourir à la Palme d’or depuis la création du Festival en 1946… Contre 1688 hommes. Après la prise de conscience, place à l’action, avec une table ronde ayant donné lieu à la signature d’une charte par les trois délégués (hommes !) des principales sélections du Festival appelant à plus d’égalité et de transparence, ou encore le « Worth it Show », l’émission proposée par L’Oréal pour donner la parole aux femmes.
Le jeu vidéo du mois : Battlefield V, le jeu de tir qui passe mal chez certains aficionados
Le studio suédois DICE et son éditeur américain Electronic Arts ont fait le buzz avec le jeu Battlefield V, se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale, avec une soldate ! Levée de boucliers au sein de la communauté des gamers, où l’on a eu tôt fait de crier au révisionnisme : une femme au combat, ça n’existait pas en 39-45 ! Ah bon ? Et les équipes d’infirmières (qui montaient au front), et les femmes qui géraient les pièces d’artillerie, et les troupes féminines de la Royal Air Force britannique, et l’implication des femmes résistantes françaises, et la place des femmes dans l’armée soviétique (pilotage de tanks, snipeuses, sans oublier l’unité d’aviatrices 100% féminine surnommée « les sorcières de la nuit » par les Allemands ?) Effet Matilda, quand tu nous tiens !