« En avril, ne te découvre pas d’un fil » dit l’adage. Entre ras-le-bol des injonctions vestimentaires adressées aux femmes et reconnaissance de leurs apports environnementaux, retrouvez toutes les actus marquantes des semaines passées sur le front de la mixité, de l’égalité professionnelle et du leadership équilibré.
L’hommage du mois : disparition de Winnie Mandela, égérie de la lutte anti-apartheid
Winnie Mandela s’est éteinte le 2 avril à l’âge de 81 ans. Un glorieux hommage à la « Mère de la nation » sud-africaine a été rendu à Johannesburg suite à dix jours de deuil national, et notamment par Cyril Ramaphosa, l’actuel président de la nation arc-en-ciel, pour avoir « challengé les attitudes, les normes, les pratiques et les institutions sociales qui perpétuaient, aussi brutalement que subtilement, le statut d’infériorité des femmes ». Malgré des controverses à l’égard d’une certaine radicalité dans ses méthodes, Winnie Mandela demeure une figure de l’engagement en faveur des droits des minorités et des populations discriminées.
Le Prix du mois : nombre record de femmes récompensées au Prix Goldman pour l’environnement
Le Prix Goldman pour l’environnement est depuis 1989 une prestigieuse reconnaissance, sorte de « Nobel de l’écologie » dédié aux militant·e·s écologistes de tous les continents. Parmi les 7 héros de l’environnement récompensés cette année, on compte pour la première fois 6 héroïnes : à l’instar de la Française Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG BLOOM dévouée à la protection des fonds marins, des Sud-Africaines Makoma Lekalakala et Liz McDaid, pour avoir fait reconnaître l’inconstitutionnalité d’un accord nucléaire secret, ou encore de la Vietnamienne Khanh Nguy Thi, pour ses actions qui ont permis de diminuer la dépendance énergétique au charbon de son pays.
Dans la foulée du dernier rapport ONU femmes, qui soulignait le double enjeu d’atteindre l’égalité femmes-hommes pour répondre aux grands défis contemporains, force est de constater que le rôle prépondérant des femmes en matière de préservation de l’environnement est en voie d’être de mieux en mieux reconnu.
La loi du mois : au Qatar, les femmes pourront se porter volontaires pour effectuer leur service militaire
Au Qatar, le service militaire était jusqu’alors réservé aux seuls hommes, les femmes ne pouvant servir l’armée qu’au sein des fonctions administratives. Mais le Qatar a besoin de bras… d’où une nouvelle loi parue ce mois, à effet immédiat, qui autorise finalement les Qataries à prendre leur service. Comme en Arabie saoudite, cette diversification se fait donc plus utilitaire que de principe, et les distinctions se veulent encore marquées : alors que l’enrôlement des hommes est obligatoire (et prolongé de 3 mois à un an avec la nouvelle loi), celui des femmes est basé sur un principe de volontariat.
Le changement socio-culturel est en route dans ce pays conservateur, mais il prend son temps. 88% des Qataries ont fréquenté les bancs de l’université. Et si l’éducation des femmes ne se reflète pas encore bien au niveau du marché du travail, les associations locales ne sont pas en reste pour promouvoir l’empowerment au féminin, à travers des conférences inspirantes ou encore des programmes de mentorat. Une recette qui paie, notamment grâce au rôle modèle incarné par Sheikha Moza, la mère de l’émir actuel : de plus en plus de femmes investissent par exemple le secteur médical.
Le hashtag du mois : « Don’t tell me how to dress », lorsque les Thaïlandaises refusent de se laisser imposer leur tenue
Songkran, le nouvel an bouddhique célébré en Thaïlande, est chaque année l’occasion d’une bataille d’eau géante à travers tout le pays. Une célébration qui donne lieu à certaines dérives : selon l’association Women and Men Progressive Movement Foundation, près de 60% des thaïlandaises auraient été harcelées sexuellement lors de ce festival. Au gouvernement de faire de la prévention… en intimant les femmes à s’habiller correctement ! La junte au pouvoir n’a donc pas tiré les leçons du scandale international provoqué en 2014 par le premier ministre Prayuth Chan-ocha, qui avait déclaré à la suite du meurtre de deux touristes britanniques : « Peuvent-elles être en sécurité en bikini ? À moins qu’elles soient moches ». Cette fois, la viralité offerte par les réseaux sociaux a occasionné une levée de bouclier portée par la top model américano-thaïe Cindy Bishop et son hasthag #DontTellMeHowToDress, encore plus largement relayé en Thaïlande que le #MeToo de l’affaire Weinstein.
Mais cette tendance à faire peser sur les femmes la responsabilité des agressions dont elles sont victimes ne se cantonne pas au pays du sourire. L’année dernière, une exposition intitulée « Qu’est-ce que tu portais ? » à l’université du Kansas tentait déjà de casser ce mythe selon lequel une tenue « appropriée » permettrait d’éviter les attaques sexuelles. Non sans humour, la dernière affiche du Collectif Féministe contre le Viol dresse aussi en matière de sensibilisation une liste de conseils pour éviter le viol… plus justement destinés aux agresseurs !
La série du mois : Killing Eve, la série d’espionnage réinventée
Surfait à l’écran, le jeu du chat et de la souris ? Oui, mais pas dans le cas de Killing Eve, à en croire les critiques élogieuses de cette nouvelle série de Phoebe Waller-Bridge diffusée sur BBC America. Cette fois, le duo du héros et de son alter ego machiavélique est revisité avec un prisme féminin incarné par les actrices Sandra Oh et Jodie Comer, pour un résultat jugé « divertissant, intelligent et sombrement comique » par le New York Times.
La représentation des femmes dans les séries, miroirs de notre société, semble évoluer dans le bon sens : non seulement plus présentes, elles sont aussi moins stéréotypées et assignées à des rôles secondaires que par le passé. Et ce, au grand bénéfice des possibilités de traitement des différents styles, comme ici avec le thriller !
Valentine Poisson, pour le webmagazine EVE