Les réseaux féminins ne sont pas nés de la dernière pluie (il s’en crée dès le XVIe siècle sous la forme de clubs de réflexion organisés et animés par des femmes de haut rang), mais force est de constater qu’ils se sont multipliés à un rythme inédit au cours des 15 dernières années. Rares sont aujourd’hui les entreprises qui ne comptent pas un réseau réunissant les femmes – et de plus en plus souvent les hommes engagé·e·s en faveur de l’équilibre des genres et se donnant pour mission de faire porter la voix des femmes dans l’organisation.
Ces réseaux travaillent principalement à lever les freins intériorisés qui retiennent l’audace des femmes au travers d’ateliers de conscientisation et de développement personnel, de formations aux soft-skills, de moments d’inspiration et de rencontres avec des rôles modèles… Ils sont aussi le lieu d’une solidarité active favorisant l’accès à l’information sur les opportunités, les postures de co-mentoring et les dynamiques de recommandations croisées.
Mais les réseaux sont-ils vraiment efficaces pour booster la carrière des femmes? Est-il objectivement « rentable » de s’investir dans un réseau féminin? Oui! La démonstration en est désormais faite, étude scientifique (réalisée sur un large panel de profils divers de femmes) à l’appui. C’est Shawn Achor et Michelle Gielan, experts de la psychologie positive et disciples de Tal Ben-Shahar qui ont mené l’enquête. Et ont été les premier·e·s surpris·e·s par les résultats.
Il y a de quoi : les femmes qui participent activement à un réseau multiplient par deux leurs chances d’obtenir une promotion assortie d’une revalorisation salariale à l’horizon d’un an. Pour deux tiers de ces femmes promues, l’augmentation est supérieure à 10%. Autre enseignement de l’étude : les femmes qui s’investissent dans les réseaux et participent à des événements dédiés à l’empowerment et au leadership féminins sont sensiblement plus confiantes en leur avenir professionnel.
Pour Achor, s’exprimant dans une tribune publiée par la Harvard Business Review, cette montée en confiance des femmes qui porte directement effets sur leur destinée professionnelle à court et à plus long terme, est à attribuer aux super-pouvoirs de la solidarité active. C’est en jouant collectif que les individus prennent mieux conscience de leur potentiel individuel et de leur pleine légitimité à exprimer leur valeur. Mais le mécanisme dépasse la conscientisation, selon l’expert en psychologie positive : le grégarisme et ses rituels, quand ils créent un environnement sécurisant en même temps qu’ils autorisent l’expression des singularités et des aspirations (y compris personnelles… Et y compris au pouvoir), a démontré ses effets bénéfiques sur la santé, l’équilibre de vie et le développement psycho-cognitif des individus.
Conclusion : en créant des espaces de lien social conjuguant force du sentiment d’appartenance et droit d’être soi, bienveillance de principe et exigence dans les interactions, les réseaux et les communautés dédiés aux progrès de la mixité forgent bel et bien des actrices et acteurs de leur propre épanouissement qui n’en sont que de meilleur·e·s avocat·e·s de la cause.
Marie Donzel, pour le webmagazine EVE