Rencontre avec Pierre-Edouard Hétier, en charge de l’accompagnement du programme Excellence DPX de transformation Managériale, d’accompagnement et de développement des personnels au sein de la Direction des Ressources Humaines de SNCF, membre du comité de pilotage du réseau SNCF au Féminin.
Vous êtes un homme engagé pour l’égalité, à travers SNCF au Féminin dont vous êtes membre du CoPil et l’initiative Happy Men. Qu’est-ce qui vous motive dans cette cause ?
Ma motivation première est de me battre pour une cause juste.
Au sein de l’entreprise, je regarde la mixité comme un facteur de saine compétition, source de nouveau défis et ouvrant de nouvelles perspectives. Ce combat est une source de transformation importante pour l’entreprise et un levier de performance évident. C’est l’occasion de faire bouger les lignes et de tirer tout le monde vers le haut.
Lors du colloque Women’Up consacré à l’engagement des hommes, vous avez exprimé votre conviction que la mixité profite aussi aux hommes… De quelle façon ? Et est-ce toujours le cas ?
Réfléchir à la mixité, à son propre rapport à l’autre genre, c’est l’occasion de s’interroger sur la façon dont on voit et dont on fait les choses et de chercher des solutions ou modes d’actions alternatifs qui profitent à tous.
C’est aussi un bénéfice plus large pour tous ceux, y compris parmi les hommes, qui sont un peu en écart par rapport à la norme. A titre d’exemple, je suis sûr que l’adaptation des tenues de travail peut, dans certains cas, bénéficier à certains hommes qui, pour une raison ou une autre, avait une tenue inadaptée à leur corpulence.
Parfois, la mixité est associée à des quotas. La perception est souvent négative de ces quotas, pour les hommes, comme pour les femmes. C’est cependant nécessaire car c’est un formidable outil d’accélération de la mixité. Les quotas permettent aussi de se questionner réellement sur la notion de compétence et sur ce que sont les capacités nécessaires à répondre avec la meilleure efficacité possible (intégrant des attentes telles que l’ouverture, la capacité à transmettre, le potentiel de déploiement de soi et du collectif, etc.)
Certains hommes s’inquiètent de la montée en puissance des femmes et expriment, de façon plus ou moins directe, leur crainte d’un renversement de la domination masculine en domination féminine. Comment les rassurer et les engager dans le mouvement pour la mixité ?
Un renversement complet vers une « domination » féminine aurait un effet repoussoir évident.
L’enjeu commun est de cibler un objectif serein et partagé, source de performance et d’efficacité dans l’entreprise. Dans un tel mouvement, les hommes ont évidemment aussi à y gagner.
Le présentéisme et les obligations associées, les injonctions du « Winner », le déséquilibre de vie entre les sphères personnelles et professionnelles, les réflexions sur la qualité de vie au travail montrent que les zones de progrès sont nombreuses.
Il existe des exemples à l’international, qui montrent que le modèle français atteint souvent ses limites et que d’autres formes d’organisation (télétravail, multi-localisation, Job-sharing, etc.) constituent des opportunités, des sources de progrès et des espaces de découverte qu’il nous appartient de conquérir, ENSEMBLE.
Stendhal disait déjà en 1822 « l’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation ; elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain et des chances de bonheur ». Il n’y a plus qu’à !
Propos recueillis par Marie Donzel, pour le webmagazine EVE. Avec la complicité de Catherine Woronoff-Argaud (SNCF) et Francesca Aceto (SNCF au Féminin)