Chaque mois, l’équipe du webmagazine EVE vous propose sa revue d’actus commentées. Voici les faits marquants sur le front de l’égalité femmes/hommes et du leadership équilibré qu’il faut retenir de janvier 2018.
La résolution du mois : plusieurs pays d’Europe décident d’en finir avec les inégalités salariales
Ca bouge en Europe, dans le champ des écarts de rémunération.
Posant le constat que la simple interdiction de principe des inégalités salariales inscrite dans la loi depuis 1961 ne suffisait pas à faire l’égalité effective, l’Islande a instauré une nouvelle loi qui prévoit l’obligation pour les entreprises islandaises d’obtenir la certification d’une « norme d’égalité salariale », sous peine d’amendes.
L’Allemagne, elle, fait le pari de la transparence : une nouvelle loi est en effet entrée en vigueur le 8 janvier 2018, permettant aux Allemandes salariées de « faire valoir en justice » leur droit « à un salaire égal pour un travail égal », selon Katarina Barley, la ministre allemande de la Famille et Femmes par intérim. Une mesure également en discussion en Irlande et en Grande-Bretagne.
En France, la Ministre du travail Muriel Pénicaud a officiellement fait promesse de réduire à néant la part « inexpliqué » des écarts salariaux, à savoir celle qui procède de pures discriminations.
La (future) présidente du mois : Cate Blanchett, patronne de Cannes
Succédant à Pedro Almodóvar, l’actrice australienne Cate Blanchett a été désignée pour présider le jury du 71ème festival de Cannes. Au-delà de sa filmographie, où elle incarne régulièrement des femmes puissantes (notamment dans son prochain film, « Ocean’s 8 »), l’actrice s’est illustrée au début de l’année parmi les figures emblématiques de l’initiative « Time’s Up » visant à donner des moyens à la lutte de terrain contre le harcèlement sexuel, d’Hollywood jusqu’aux quartiers populaires.
Un signe que le Festival, souvent épinglé ces dernières années pour sa désinvolture à l’égard de la question de la mixité, voire une certaine complaisance envers le machisme dans le 7è art, aurait pris acte du changement d’époque ? A suivre…
Les films du mois : « Pentagon papers » et « Le grand jeu »
Les femmes de caractère sont à l’honneur sur les écrans en ce début d’année. On commence par « Le grand jeu », réalisé par Aaron Sorkin, qui retrace le parcours de Molly Bloom, « star du tapis vert » s’étant fait une renommée en organisant des parties de poker clandestines pour célébrités. Condamnée en 2014 par la justice américaine, celle que la presse surnomme « le loup de Wall Street au féminin », est interprétée par Jessica Chastain, actrice engagée en faveur de l’égalité, regarde son personnage comme une figure de bad girl assoiffée de liberté et assumant son ambition.
Tout autre univers pour « Pentagon Papers », de Steven Spielberg, dans lequel Meryl Streep incarne Katharine Graham, directrice du Washington Post, qui a du faire preuve d’un courage à toute épreuve pour rendre public un rapport secret de l’administration américaine sur la guerre du Vietnam. À peine mentionnée en 1976 dans « Les Hommes du Président », voilà cette héroïne « rôle modèle » sortie de l’invisibilisation ! Preuve en est que l’Effet Matilda est bien réversible.
La leader du mois : Jacinda Arden, Première ministre, future mère, et alors?
Jacinda Arden, à la tête du gouvernement néo-zélandais depuis octobre dernier, a annoncé le 19 janvier attendre son premier enfant. Et de déclarer : « Je ne suis pas la première femme à être multi-tâches. Je ne suis pas la première femme à travailler et à avoir un bébé ».
Pendant la campagne électorale, des rumeurs de grossesse avaient circulé et créé la polémique. La popularité de Jacinda Ardern était montée en flèche après qu’elle eût fermement répliqué qu’« il est totalement inacceptable de dire en 2017 que les femmes doivent répondre à cette question. Le choix du moment pour avoir des enfants appartient aux femmes. Cela ne doit pas déterminer le fait ou non de décrocher un emploi ».
Sans être la première cheffe de gouvernement à attendre un enfant pendant son mandat (on peut citer la Première ministre pakistanaise Benazir Bhutto en 1990), Arden est bien celle qui impose le modèle d’un leadership équilibré, conjuguant les plus hautes ambitions professionnelles avec le droit plein et entier à l’épanouissement personnel. Un message fort pour les femmes, et aussi pour les hommes du monde politique et économique