Le webmagazine EVE vous propose régulièrement des citations inspirantes à méditer et partager pour renforcer notre culture commune de la mixité et du partage des responsabilités.
En ce mois d’avril 2017, la parole est à Angela Davis : « To understand how any society functions, you must understand the relationships between the men and the women » (« Pour comprendre comment une société fonctionne, il faut en comprendre les relations femmes/hommes »).
Ce mot de l’une des plus marquantes figures de la lutte contre les discriminations de la seconde moitié du XXè siècle et des débuts de notre millénaire est emblématique d’une vision émancipatrice du combat pour l’égalité. Pour Angela Davis, aujourd’hui professeure d’ « histoire de la prise de conscience » à l’UCLA, ce n’est qu’en acquérant une vision globale de la façon dont les sociétés s’organisent et fonctionnent que l’on peut y penser sa propre place et, selon la logique de l’empowerment, agir pour améliorer sa condition et celle de ses pair.es.
D’abord militante des droits civiques, Davis a tôt pris conscience du sexisme qui traversait jusque les mouvements de défense des droits des minorités. Ce constat l’a rapprochée du « black feminism » théorisé dès 1969 par Mary Ann Weathers, qui interroge concomitamment la situation des femmes « racisées » dans un contexte d’hégémonie blanche et la situation de ces femmes au sein même de la communauté ethnique à laquelle elles appartiennent ou sont identifiées. Cette approche préfigure « l’intersectionnalité des luttes » que conceptualisera l’universitaire Kimberlé W. Crenshaw en 1989 et qui consiste à penser en dynamique les formes multiples de la discrimination et des rapports de domination : racisme, sexisme, mépris de classe, homophobie…
Davis, que l’on associe sans doute plus souvent au mouvement pour les droits civiques qu’au féminisme, place cependant, dans cette citation, les rapports entre les sexes au coeur, sinon au premier rang des luttes. Une égalité des genres comme matrice de toute l’égalité, que l’on retrouve dans d’autres de ses prises de parole :
« Le succès ou l’échec d’une révolution peut toujours se mesurer au degré selon lequel le statut de la femme s’en est rapidement trouvé modifié dans une direction progressiste. »
« Aucun mouvement ne doit considérer les femmes comme des laissés-pour-compte dans la quête de l’égalité. »
Marie Donzel, pour le webmagazine EVE.