Chaque mois, le webmagazine EVE vous propose sa sélection commentées d’actus marquantes sur le front de l’égalité, de la mixité et du leadership partagé.
Les candidates du mois : Sylvie Goulard et Mairead McGuiness
Après Simone Veil et Nicole Fontaine, la France pourrait bien apporter au Parlement européen sa troisième Présidente. L’eurodéputée Sylvie Goulard a annoncé le 25 novembre sa candidature à la fonction suprême de l’Institution. Fine connaisseuse des questions de gouvernance économique et des sujets financiers et fiscaux, c’est aussi une grande avocate de l’égalité femmes/hommes.
S’étant prononcée en faveur de la parité dans les instances clés de l’Europe et ayant soutenu activement la proposition de Viviane Reding visant à élargir le dispositif Copé-Zimmerman* à l’ensemble des pays membres, Sylvie Goulard exprime dans sa profession de foi une vision de la mixité conjuguant principe de justice, esprit d’innovation et devoir à l’égard des générations futures.
Dans sa conquête de la Présidence du Parlement, Sylvie Goulard croisera l’irlandaise Mairead McGuiness, également candidate. Cette ancienne journaliste s’est lancée en politique en 2004. Vice-Présidente du Parlement, elle y porte notamment les questions de citoyenneté, de durabilité et d’information et communication.
* La loi Copé-Zimmerman impose un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises françaises à l’horizon 2017.
Edit : par un communiqué du 30 novembre, Sylvie Goulard fait savoir que le bureau de son groupe a décidé la veille d’investir Guy Verhofstadt. Regrettant une « procédure précipitée qui n’a pas permis un débat approfondi entre les différents candidats déclarés », Sylvie Goulard se retire. Son communiqué s’achève par les mots suivants : « Mon engagement pour une Europe plus unie continue, tout comme la bataille pour l’égalité hommes-femmes qui est loin d’être gagnée. »
La missionnaire du mois : Peggy Whitson
La mission Soyouz MS-03 à destination de la Station Spatiale Internationale a quitté la terre le 17 novembre pour amarrer deux jours plus tard à 395 km de la terre. A son bord, le cosmonaute Oleg Novitski, le spationaute Thomas Pesquet… Et l’astronaute Peggy Whitson.
Très expérimentée, cette chercheuse en biochimie à la NASA effectue là son troisième vol de longue durée dans l’espace et détient déjà plusieurs records : 1ère femme à commander une mission spatiale (en 2007-2008), femme ayant passé le plus de temps en apesanteur (376 jours avant le départ de MS-03), femme la plus âgée à voyager dans l’espace (où elle fêtera en février prochain, ses 57 ans).
Bon séjour dans les étoiles à cette femme exemplaire, rôle modèle s’il en est, qui donnera sans doute à d’autres l’envie de suivre sa trace.
Le palmarès du mois : Les 100 épatantes distinguées par la BBC
Après Fortune et Forbes, la BBC livre désormais, chaque année depuis 2013, son top 100 des femmes qui feront le XXIè siècle.
Ce sont des inspirantes et influentes le service public audiovisuel britannique distingue en mettant en avant tout particulièrement celles qui représentent de vrais modèles pour le changement : de la chanteuse Alicia Keys, fortement engagée dans la lutte contre le VIH à la mannequin Winnie Harlow qui défie les codes du milieu de la mode, en passant par « l’activiste scientifique » Lubna Tahtamouni qui encourage les femmes jordaniennes à se lancer dans les sciences, la militante anti-raciste Jane Elliott, l’alpiniste Lhakpa Sherpa, l’athlète iranienne Shirin Gerami, l’imame danoise Sherin Khankan, la gameuse Stephanie Harvey… Un vent d’audace et de panache souffle au pays des palmarès !
La femme de l’année… Est un homme !
Autre distinction du mois : le titre de femme de l’année remis par la rédaction de Glamour US à une dizaine de figures de l’empowerment et du leadership des femmes. Où l’on a salué Gwen Stefani, Simone Biles, les fondatrices de #BlackLivesMatter, Ashley Graham, Christine Lagarde, Nadia Murad, Miuccia Prada… Et Bono, le chanteur de U2 !
Voilà qui a fait son petit effet car quand les femmes sont habituées à être des hommes comme les autres, la symétrie surprend davantage. Pour le comité de sélection de Glamour, il s’agissait de poser un acte fort après la succession d’attaques misogynes qui a émaillé le débat de la Présidentielle américaine.
Mais le choix ne s’est pas fait au hasard : Glamour a voulu dire son soutien à l’ONG One qu’a co-fondée Bono pour lutter contre le « sexisme » de la pauvreté. Portant l’accent sur les écarts d’opportunités économiques entre les femmes et les hommes ainsi que sur la sur-exposition des femmes à la pauvreté et à la grande précarité, One porte deux messages forts : on ne résoudra aucun défi de notre temps sans avancée de l’égalité de genre et c’est le combat de toutes et tous, femmes et hommes.
Le musée de demain : bientôt un grand établissement culturel américain intégralement dédié à l’histoire des femmes
Les Etats-Unis ont besoin d’un Musée National de l’histoire des femmes ! C’est démontré par l’imposant rapport de la commission du Congrès qui a planché 18 mois durant sur le dossier, avant de présenter ses conclusions le 16 novembre.
Il y va de fidélité à l’histoire, quand on sait qu’avec l’invisibilisation des femmes dans son récit (Effet Matilda), c’est tout un pan de la mémoire humaine qui est ombragé voire carrément effacé. Il y va aussi d’enjeux sociaux et économiques, aujourd’hui qu’il est établi que le défaut de mixité fait frein au dynamisme, à l’innovation et au progrès.
Or, on sait que pour faire de l’objectif de mixité une réalité, il est indispensable de rendre aux femmes leur inscription dans le temps long et de leur proposer des rôles modèles stimulant leur ambition. Doté de fonds public et soutenu par des financements privés, une première aile du musée serait idéalement inaugurée en 2020, à l’occasion du centenaire du suffrage (réellement) universel aux Etats-Unis.
Marie Donzel et Elina Vandenbroucke, pour le webmagazine EVE.