Qui sont les femmes qui ont participé aux avancés de la condition humaine et, en son sein, de celle des femmes ? Quelle place leur réserve aujourd’hui l’histoire ?
Sophie Degano, artiste plasticienne, a choisi de consacrer un ouvrage original à « 60 femmes qui ont inventé leur vie et changé les nôtres », sans que l’on se souvienne toujours de leur nom et de leur legs. C’est le coup de coeur culture du webzine EVE, ce mois-ci.
« Les femmes sont le continent noir de l’Histoire. »
Ainsi débute la préface d’Elisabeth Badinter qui rappelle que les femmes sont concrètement les grandes oubliées des manuels d’histoire, qui ne leur dédient que 3% des biographies.
Pourtant présentes, à toutes époques, dans les sphères de la philosophie, des sciences, de l’économie, de la politique, de l’art etc., elles ont évidement contribué aux inventions et aux évolutions de nos sociétés. Mais le fameux effet Matilda les aura trop souvent renvoyées dans les marges du récit historique, jusqu’à les invisibiliser, au risque de l’injustice mais aussi de priver l’humanité de tout ou partie de leurs apports au progrès.
Reines, biologistes, cinéastes, philosophes, militantes, alpinistes…
Il y a les incontournables de l’histoire, les reines Aliénor d’Aquitaine et Anne de Bretagne, battantes pionnières de la gouvernance au féminin, les réalisatrices telles que Joséphine Baker et Alice Guy qui, en 1906, réalisa un court-métrage ironique montrant l’organisation domestique inversée pour mieux faire comprendre les inégalités dans ce qu’elles ont aussi de ridicule ; et encore les sportives déterminées à gravir le Mont Blanc telle Henriette d’Angeville. Impossible de faire l’impasse sur Simone de Beauvoir, Louise Weiss et Hubertine Auclert, militante du vote des femmes et de leur participation à la vie citoyenne.
L’ouvrage met aussi à l’honneur des femmes remarquables quasi inconnues du grand public, telles de nombreuses scientifiques, que le complexe de Marie Curie aura éclipsé de la mémoire collective récente : redécouvrons par exemple Jeanne Villepreux-Power, biologiste, ou Anita Conti, océanographe, à l’origine des tracés des premières cartes de pêche.
Un livre, une œuvre artistique, une exposition
Au-delà d’un seul livre, Grâce à Elles est un projet artistique complet qui associe le texte à la gravure et se donne à voir dans une exposition itinérante ponctuée de rencontres avec l’auteure, autour de ses matrices et estampes.
Les lignes fortes et prononcées de l’oeuvre graphique répondent au style sensible de l’écriture, pour restituer avec une finesse inégalée le tempérament unique de chacune de ces femmes déterminées à oser.
Elina Vandenbroucke, avec Marie Donzel, pour le webzine EVE.
Grâce à elles, Sophie Delano – Editions Ex-Voto, 2016
