Votre litt’list de l’été 2016 : romans, essais, BD, biographies, beaux livres… Pour enrichir votre galerie de rôles modèles et nourrir votre culture de l’égalité.

L’été est là et si vous n’êtes encore parti.e en vacances, c’est sans doute que cela ne saurait tarder.

Les valises sont sans doute déjà bien chargées mais s’il reste un peu de place dans les bagages et/ou si vous trouvez une bonne librairie sur votre lieu de villégiature, nous avons pour vous quelques conseils de lectures inspirantes pour cultiver les valeurs de l’égalité et du leadership équilibré…

 

 

Votre plan vacances, c’est les petites criques discrètes sans 4G où l’on peut enfin jouir d’une absolue tranquillité? Les conditions idéales pour dévorer un classique qu’on a toujours rêvé de découvrir ou de relire.

Pourquoi pas le pionnier Défense des droits de la femme de Mary Wollstonecraft, récit d’une expérience personnelle de libération (on dirait aujourd’hui d’empowerment, car c’est littéralement ce dont il s’agit) qui inspire une philosophie des rapports entre les sexes et en particulier, de la nécessité d’un égal accès aux opportunités de s’éduquer, de travailler, de créer.

Sinon, il y a Un lieu à soi (également titré chez certains éditeurs Une chambre à soi), texte fondateur de la pensée de Virginia Woolf sur l’égalité qui invite notamment à penser l’existence des femmes dans les espaces publics comme privés. Parce que c’est dans la possibilité d’expérimenter pleinement son être soi dans l’intimité que l’on trouve les ressources indispensables à son expression dans la collectivité.

Ou alors, La femme indépendante, de Simone de Beauvoir, extract du Deuxième Sexe, qui porte tout particulièrement sur la question du travail des femmes, de leur autonomie financière et de l’égalité réelle et effective à réaliser, une fois les droits politiques acquis.

 

Votre style, c’est plutôt transat au bord de la piscine avec une bonne biographie pour enrichir la galerie de vos rôles modèles? On a ce qu’il faut pour vous : Ainsi soit Olympe de Gouges de Benoîte Groult (récemment disparue et à qui nous rendons hommage un peu plus bas…) vous fera découvrir une révolutionnaire certes réputée pour sa Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne mais qui fut aussi une fervente pourfendeuse de l’esclavage, l’inventrice de l’idée d’une Sécurité sociale, l’inspiratrice d’un système judiciaire associant les citoyen.nes et une dramaturge extraordinaire dont l’oeuvre théâtrale gagnerait à être plus souvent jouée!

Dans un tout autre genre, on vous recommande aussi la récente biographie de Clémentine Churchill, épouse de, mais avant tout femme de tête qui a pris toute une série d’initiatives (dont l’organisation de cantines « mutualistes » pour les travailleurs et travailleuses de « l’arrière « pendant la Première guerre mondiale) et qui fut l’une des rares femmes de son temps à siéger à la chambre des Lords.

Vous pouvez encore vous plonger dans l’histoire vraie de la pionnière du code informatique, Ada Lovelace, narrée par James Essinger. Ou encore opter pour celle de Qiu Jin, surnommée la « Jeanne d’Arc chinoise », par Marie-Laure de Shazer.

Et pour les amateurs et amatrices d’héroïnes contemporaines, on ne peut que recommander l’excellentissime The Queen Christine, biographie de la phénoménale Heloïse Letissier, plus connue sous le nom de Christine & the Queens, en forme d’essai sur la naissance d’une culture musicale transgénérationnelle, à la fois accessible et exigeante. Le portrait captivant d’une singulière populaire signé par la journaliste experte des musiques alternatives (et notamment du rap féminin) Eloïse Bouton.

 

L’été, vous bullez? On a ce qu’il faut pour vous : le monde de la bande dessinée, quoique récemment agité par une polémique sur le sexisme (laquelle a récemment abouti à la recommandation d’une refonte de la gouvernance du Festival d’Angoulême pour que plus de femmes y soient représentées et que la sélection y soit plus diversifiée), s’intéresse de plus en plus à la question de l’égalité. La maison d’édition Naïve consacre toute une collection aux « Grands destins de femmes » : une dizaine de romans biographiques ont déjà vu le jour. Nos favoris : Maria Sibylla Merian, la mère de l’écologie, La Pasionaria consacré au destin de Dolorès Ibárruri, figure légendaire de la Guerre d’Espagne et Françoise Dolto, formidable portrait d’une enfant appelée à devenir la plus célèbre des pédopsychiatres.

On vous recommande aussi bien sûr Je suis top, l’adaptation de la pièce éponyme de Blandine Métayer, pour retrouver les aventures de Catherine, la femme d’affaires qui se paie (puis explose) le plafond de verre

Et un gros coup de coeur pour Commando Culotte, par Mirion Malle, un bijou de didactique drôlatique pour tout comprendre des problématiques de l’égalité de genre à travers une lecture érudite et critique des oeuvres de la pop culture actuelle : la série Game of Thrones, les jeux vidéos, les clips musicaux…

 

Séance de ratrappage en haut des alpages : si vous l’avez manqué, le livre récemment paru de Sarah Saint-Michel et Valérie Petit, deux des meilleures expertes actuelles du leadership, jetez-vous sur Hommes, femmes, leadership : mode d’emploi, impeccable essai richement nourri d’exemples pratiques pour en finir avec les idées fausses sur le genre du leadership et s’outiller des meilleurs arguments pour convaincre que chacun.e, quel que soit son sexe, a son style à exprimer et sa carte à jouer.

Embarquez aussi dans le sac à dos le très récent Grand livre de l’égalité femmes/hommes – Réfléchir autrement, agir pleinement, par Valérie Pascal et Catherine Sexton. 70 témoignages exclusifs pour un panorama complet des initiatives qui contribuent réellement à accélérer l’agenda de la mixité et, de façon plus générale, à transformer nos visions, nos institutions et nos organisations.

 

Vous êtes partie en repérage (ou en pèlerinage) du côté d’Evian pour préparer (ou revivre) votre séjour au Séminaire EVE International? Quelle riche idée! Découvrez les jolies plages de la belle haut-savoyarde en prenant le temps de lire un roman sur les bords du Léman. Découvrez l’oeuvre romanesque de Benoîte Groult : Les trois quarts du temps qui brosse une fresque de destins de femmes sur un siècle, La part des choses, oeuvre chorale qui évoque 9 portraits de femmes et d’hommes à un tournant de leur existence, Les Vaisseaux du coeur qui évoque la puissance du désir féminin.

Laissez-vous réjouir par Les oranges ne sont pas les seuls fruits de l’incontournable Jeanette Winterson, autobiographie romancée d’un cheminement vers l’être soi d’une femme assumée, s’initiant à elle-même, à son identité, à ses tentations, à son besoin de création. Une merveille, que l’on peut sans hésiter inscrire dans l’héritage d’une Virginia Woolf qui aurait été dopée à l’humour acidulé.

Un dernier pour la route? Femmes d’affaires, bien sûr, de Rebecca West (qu’on aurait aussi pu ranger dans la bibliothèque des classiques) : suivez les aventures de deux femmes, en quête de réussite, choisissant chacune leur voie pour y parvenir. Toute une métaphore des tensions entre besoin de reconnaissance, désir d’enrichissement, espoir d’accomplissement et recherche du bonheur qui traversent et interrogent l’idée même du succès.

 

Votre été rimera avec rire aux éclats ou ne sera pas? Pas de souci, les femmes ont de l’humour (largement autant que les hommes) et le prouvent quand elles prennent la plume : offrez-vous une belle tranche de rigolade intelligente avec Un homme sur deux est une femme, de Noémie de Lattre, succession d’irrésistibles sketchs sur le sexisme ordinaire.

On vous garantit aussi un cocktail d’esprit, d’ironie (et de culture encyclopédique) avec le Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, de Catherine Dufour ; tout comme avec La Barbe d’Olympe de Gouges et autres objets de scandales d’Eli Flory : dans les deux cas, une galerie de femmes ayant marqué leur époque, quoiqu’ayant parfois disparu du récit officiel de l’histoire (ce sacré Effet Matilda!) racontées à grands renforts d’anecdotes croustillantes et de scènes cocasses, servies par des plumes enlevées et rudement efficaces!

 

Pas facile d’emporter un beau livre dans le tot bag où les maillots mouillés post-baignade risquent de faire du tort au grand relié. Mais de retour au gîte, rien n’interdit de se plonger dans le formidable catalogue de l’expo Qui a peur des femmes photographes, pour (re)découvrir l’immense variété des regards d’artistes de la pellicule sur la condition des femmes, mais aussi sur les hommes, sur la nature, sur le travail, sur la guerre, sur l’étrange…

Faites une excursion imaginaire dans la Rome baroque avec le sublime Artemisia, le portrait à travers son oeuvre de celle que l’on a surnommé « la Caravage au féminin » (mais pourquoi ne pas dire un jour de Caravage qu’il fut « l’Artemisia au masculin » ? :-) ) et qui, en plus de peindre elle-même, forma de nombreux artistes de son époque aux arts picturaux.

 

Marie Donzel, pour le blog EVE.

 

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