L’étude du mois : les femmes ont-elles (vraiment) gagné en influence?

Eve, Le Blog Egalité professionnelle, Rôles modèles

Enquête IFOP/Génération Femmes d’influence

 

 

C’est à l’occasion de la remise du Prix de la femme d’influence que l’association Génération Femmes d’influence a révélé, mardi 10 novembre, les résultats d’une enquête réalisée par l’IFOP sur les perceptions du leadership féminin aujourd’hui.

 

Le blog EVE a lu cette étude, basée sur la consultation d’un millier de femmes et hommes composant un échantillon représentatif de la population de plus de 18 ans. Voici ce qu’il faut en retenir.

 

 

 

La situation des femmes s’améliore-t-elle ? Peu, mais avec des nuances de perception entre femmes et hommes. 

Accès aux fonctions politiques, accès aux hautes fonctions dans l’administration, accès aux postes de direction dans les entreprises, égalité salariale : la majorité est d’accord pour dire que la situation des femmes ne s’est pas suffisamment améliorée au cours des cinq dernières années.

Mais les hommes portent un regard moins maussade (ou moins lucide ?) que les femmes sur la lenteur des progrès : ils sont par exemple 39% à estimer que les femmes ont de meilleures opportunités de prendre des fonctions importantes dans le secteur privé, tandis que les premières concernées ne sont que 22% à percevoir que les choses vont dans le bon sens.

 

 

Une femme cheffe ? Une femme présidente ? Sur le papier, c’est ok !

84% des sondé.es disent ne pas s’intéresser au sexe de leur supérieur hiérarchique et 92% sont favorables à ce qu’un jour le pays ait une Présidente de la République. Femme ou homme, il semble que peu leur importe le sexe du dirigeant, pourvu que la compétence soit au rendez-vous.

Mais rien n’est dit sur ce que « compétence » à leurs yeux signifie : si ça doit encore à voir dans les mentalités avec une « carrure » large, un courage qui se métaphorise quelque part sous la ceinture ou une opiniatreté qui aide à « y penser chaque matin en se rasant« , ça risque quand même de rester difficile aux femmes de s’imposer en figures de leadership aussi considérées que les hommes.

 

 

Territoires d’influence : une répartition femmes/hommes stéréotypée

Dans quel champ les femmes sont-elles perçues comme légitimes, aujourd’hui ?

Dans la sphère culturelle et médiatique expriment les personnes interrogées à 87% et 84%… Mais beaucoup moins dans les affaires économiques et financières (59% et 53%).

Une répartitition des territoires qui n’est pas une grande surprise quand elle vient recouper le déficit de mixité des filières de formation et des secteurs professionnels.

 

 

Pouvez-vous citer le nom (de plus) d’une femme d’influence ?

L’IFOP a demandé aux interviewé-es de citer spontanément le nom d’une ou plusieurs femmes d’influence dans la sphère économique.

Seulement 49% ont répondu à la question, ce qui n’est pas un enseignement mineur sur le déficit de visibilité des « rôles modèles » féminins.

Parmi celles et ceux qui ont pu citer au moins une femme d’influence, la plus plébiscitée est Christine Lagarde, avec 35% des suffrages exprimés, juste suivie par Anne Lauvergeon qui recueille 28% des voix. Toutes les autres, de Ségolène Royal à Hillary Clinton, en passant par Laurence Parisot ou Angela Merkel sont vues comme des figures de leadership dans le monde économique par moins de 8% des Français.es.

 

 

L’apparence et le style : carte maîtresse des femmes ou piège (auto) tendu ?

L’institut de sondage a enfin recueilli le sentiment de la population sur le rôle de l’apparence et du style dans l’expression du leadership. Les Français.es y sont globalement attaché.es, considérant que c’est une composante essentielle de l’image publique (90%) et un élément majeur de personal branding (87%). En cela, l’apparence et le style peuvent contribuer à renforcer la crédibilité d’une personne (84%) et être la clef de son succès (75%) quand bien même ça ne reflèterait que partiellement (57%) sa vraie personnalité.

Ce sont les femmes qui se montrent les plus convaincues que l’apparence et le style d’une personne peuvent contribuer à sa notoriété et à la confiance qu’elle va inspirer. Faut-il y voir le signe qu’elles comptent sur une supposée pré-disposition féminine à prendre soin de son image pour se valoriser sur les territoires d’influence ? Ou au contraire qu’elles s’inquiètent en sourdine de voir le « style » du leader classique imprégner encore trop fortement les mentalités pour faire pleinement place à celles qui ne l’exercent pas en costard-cravate?

 

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE.