Deux EVEsiennes à l’honneur : Marie-Agnès Debar et Ariane Genton, fondatrices et directrices du coaching interne de Danone
L’une propose à boire, l’autre arrive avec une bouteille d’eau. L’une s’enthousiasme, l’autre apporte des précisions. Quand l’une prend la parole, l’autre prend des notes… Complémentaires, Marie-Agnès Debar et Arielle Genton, fondatrices et directrices du coaching interne de Danone ont plus de points communs qu’on ne pourrait le penser. Dont certains, non des moindres, à l’origine de leur vocation commune : l’empathie, la passion de leur métier, et ce que Kris Geeraert, directeur général de Danone Benelux, l’un de leurs tout premiers « coachés » appelle joliment « l’envie de réinventer le futur« .
Réinventer le futur
Réinventer le futur… Le leur et celui des personnes qu’elles coachent, dans cette nouvelle unité qu’elles ont créée et qu’elles dirigent : « Leaders’ perspectives ». Du coaching interne d’entreprise ? L’idée est novatrice : habituellement, pour coacher les salariés qui le demandent, Danone fait appel à des intervenants externes. Comme des consultants, ils arrivent, diagnostiquent, rédigent une feuille de route, et finissent par repartir. Le concept ici est différent. Il s’agit d’insuffler les valeurs de l’entreprise, des valeurs partagées par les deux femmes, salariées de Danone depuis plus de vingt ans, dans ce processus d’accompagnement qu’est le coaching. Un coaching tout à fait singulier, là encore, puisqu’il est réservé aux dirigeants. Ce sont les comités de direction et leurs dirigeants que Marie-Agnès Debar et Arielle Genton accompagnent dans leur développement.
Fin 2012 : Marie-Agnès Debar, alors DRH du siège, connaît parfaitement les enjeux du changement qui s’annonce chez Danone. Elle cherche comment accompagner au mieux les personnes impactées dans ce contexte. « A l’occasion du plan d’adaptation, de nombreux leaders doivent se réinventer pour réinventer leur business« . C’est donc à ce moment-là qu’elle a l’idée de lancer son projet de coaching d’équipe en interne. « Je crois trop à la puissance de la relation pour être partie seule dans l’aventure », raconte la première des « internal exécutive coach » de Danone. Elle se tourne alors vers Arielle Genton : « elle a dit bingo !« , aime raconter Marie-Agnès Debar, qui apprécie le caractère enthousiaste de sa collègue. Leur binôme joue la complémentarité et permet d’allier « légèreté et profondeur », « dynamique et réflexion », « approche business et humaine ».
Construire une vision
En 2013, le projet voit le jour dans un contexte de plan d’économies et d’adaptation. Pour faire face à une croissance atone, Danone crée des clusters, un nouveau niveau d’organisation qui redessine l’entreprise en Europe. Passer de 67 CODI en Europe à 33 clusters pour regagner en compétitivité et focaliser chaque niveau de management sur des projets ayant un impact sur la croissance, le projet est ambitieux mais engendre des suppressions de postes.
Cette étape difficile, les deux coaches ont voulu la rendre apprenante tant pour les personnes à réorienter que pour l’entreprise elle-même. Ce sont dans des comités de direction que les deux femmes exercent leurs talents. Kris Geeraert, alors à la tête du CODI des Pays Bas, se souvient du précieux support de Marie-Agnès et Arielle dans ce contexte. « Au lieu de faire du « team building », elles ont su faire du « team dismantling », un « démantèlement » d’équipe qui était loin d’être facile« , commente Kris, emballé par son expérience avec les deux coaches.
Elles aident l’équipe à trouver un avenir pour chacun, qu’il quitte l’entreprise ou non. « Aujourd’hui, je regarde la situation de chaque membre : tout le monde garde un bon sentiment de cette période difficile, et est satisfait du résultat. Je n’en espérais pas tant », se réjouit le directeur qui détaille : « elles sont fascinées par l’être humain derrière le manager, savent reconnecter les gens avec leurs désirs, et apportent une force énorme en temps de changement« .
Une technique bien rôdée
Loin de la résistance habituelle, les équipes, ressoudées, se remettent au travail. Parce que les deux femmes sont « empathiques« , parce qu’elles ont su « se montrer vulnérables mais aussi très précises dans les challenges« , et parce qu’elles croient vraiment à leur mission, celle qu’elles se sont créée.
« Mettre ma passion du coaching au service de Danone« , c’est ainsi que Marie-Agnès Debar, à l’origine du projet, définit son rôle. Un rôle qu’elle a choisi à la sortie de Sciences Po : entrée au département Ressources Humaines de Danone, elle se réalise. « Ma passion, c’était de révéler les talents. De faire se rencontrer un poste à pourvoir et une personne appropriée ». Recrutement, gestion de carrière, formation : elle se découvre « une écoute, un discernement » qui lui permettent de faire « qu’un individu trouve sa place et donne le meilleur de lui-même« .
Faire « du travail une vraie source d’épanouissement« devient sa spécialité. Sa passion du coaching grandit avec les années, elle se forme en 2008 et grimpe les échelons, jusqu’à devenir DRH du siège.
Quand elle rencontre Arielle Genton, au début des années 90, elle lui prédit qu’elle fera carrière dans les Ressources Humaines elle aussi. « À l’époque, j’étais dans le marketing, j’en aimais la créativité et la rapidité. Je me disais : RH, mais quel drôle de métier ! Qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire de leur journée ? » sourit Arielle qui rend hommage à la perspicacité de sa collègue. Loin l’une de l’autre, mais toujours en contact, les deux femmes poursuivent leurs carrières chez Danone. Arielle, après le marketing, passera dix ans en RH (Gestion des talents, Business partner, Directeur Organisation à la R&D) avant de se lancer dans la grande aventure du social business avec danone.communities.
La technique des deux coaches, désormais rôdée, s’affine en quelques mois : l’une ou l’autre arrive dans un Comité de direction de 9 à 15 personnes accompagnée d’un coach externe choisi en fonction de la mission. L’un des coaches s’occupe tout particulièrement du leader, et les deux coaches accompagnent l’équipe. Un comité de direction qui a du mal à trouver son rythme de croisière ou une équipe appelée à disparaître n’ont pas les mêmes besoins : à chacun son binôme de coaches, spécialement adapté pour l’occasion. Des sessions de 4 à 6 séances, où l’un des coaches accompagne le dirigeant et les deux l’équipe, sont organisées. On se « décentre », c’est-à-dire qu’on quitte son lieu habituel de travail, pour aller dans des endroits où les repères sont différents. On laisse son téléphone au vestiaire, pour éviter le piège du dirigeant « multitâche », et chacun, après avoir défini les objectifs du groupe, se « met au travail ». La création de la confiance, la priorisation business et la prise de décision sont souvent au menu pour passer d’un collectif d’individus à une équipe performante.
Accélérateur de performances
« Take time to win fast« , c’est le slogan des deux femmes, qui signent avec leurs coachés une charte de déontologie impliquant le secret professionnel. Chacun des intervenants se reconnecte avec lui-même « tête, cœur, corps » et avec ses collègues afin de mêler l’intelligence situationnelle et l’intelligence relationnelle.
Le temps du coaching, où chacun se remet en question personnellement et au sein de l’équipe est un « accélérateur de performance ». Aujourd’hui, le « lab » est devenu « land ». Marie-Agnès Debar et Arielle Genton ne se contentent plus de voyager à la rencontre des comités de direction qui les appellent, elles délivrent également des accréditations à tous les coaches externes qui travaillent au sein du groupe. Pour que le coaching, chez Danone, corresponde aux valeurs de l’entreprise. « Marc Benoit nous a exposées et soutenues« , tient à saluer Marie-Agnès. Grâce à lui, le concept du coaching interne a été officialisé. « Cela montre un vrai engagement« , se réjouit Kris Geeraert.
« Elles proposent un accompagnement parfaitement adapté au besoin, pour mener à bien les projets de transformation« , salue Catherine Lewko, Directrice Projet SHAPE – Finance Business Services, qui a plusieurs fois fait appel à elles.
Les deux femmes, plus soudées que jamais, ont tiré beaucoup de satisfactions et d’enseignements de leurs deux années d’exercice : « la prise de conscience du collectif est plus élevée qu’avant« , souligne Marie-Agnès Debar. « La reconnaissance, désormais, passe davantage par l’équipe ». Et les deux femmes de se réjouir : « Face à la complexité du monde, cette intelligence collective sera facteur de performance« , dit l’une. « Dans un monde externe qui bouge à une vitesse hallucinante, avec des projets internes majeurs comme Danone 2020, le business se tend. Cela crée de l’incertitude, cela peut même tétaniser. Nous sommes là pour réinjecter de l’inspiration, de la respiration », conclut Arielle Genton.
Article reproduit avec l’aimable autorisation de © MyDanone