La revue de web de l’année 2014
Tous les mois, le blog EVE vous propose sa revue de web : un tour d’horizon des événements marquants de l’actualité vus par les influenceuses et influenceurs de la toile. Chaque fin d’année, c’est une revue de web exceptionnelle que vous propose le blog EVE : un retour sur les temps forts des douze mois écoulés.
Leadership, égalité, mixité, voici ce qu’on retiendra de 2014 :
Janvier : Un plan mondial pluriannel pour l’égalité
Fin janvier 2014, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) rendait public son plan 2014-2017 pour l’égalité femmes/hommes dans le monde.
Sous-titré « l’avenir que nous voulons : droits et autonomisation« , ce document d’orientation rappelle dans son avant-propos que « l’égalité des sexes est d’abord et avant tout une question de droits de la personne. On ne fera pas progresser le développement humain tant que les femmes et les filles ne pourront jouir pleinement de leurs droits dans tous les domaines de la vie. »
Le rapport fixe 7 axes et autant d’objectifs à l’ensemble des organismes internationaux impliqués dans la stratégie qu’il définit, parmi lesquels on retiendra notamment l’impératif de renforcement des systèmes de gouvernance démocratique, la transformation des modes de production en faveur d’une plus grande inclusivité ou la promotion active de l’empowerment au féminin.
Rendez-vous est donné dans deux ans pour évaluer les résultats et engager de nouvelles étapes pour réussir l’égalité à l’échelle mondiale.
Février : Pour un fonds mondial pour la scolarisation des filles
C’est à l’approche de la deuxième édition du Forum des Femmes francophones que l’ex-Ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui, a annoncé la création d’un Fonds mondial pour la scolarisation des filles.
Impliquant les autorités des pays, les institutions internationales et des sponsors privés, ce Fonds devrait apporter son appui matériel et pédagogique aux dispositifs scolaires existants dans les pays, participer à la mise en place de solutions locales dans les zones d’importante déscolarisation et agir dans les situations de reconstruction post-conflit pour intégrer l’objectif prioritaire d’accès à l’éducation pour les fillettes.
Mars : Record de femmes parlementaires dans le monde
Ce n’est pas encore la parité, tant s’en faut, mais une avancée constante et conséquente : l’Union interparlementaire internationale (IPU) a annoncé en mars 2014 que 2013 avait été une année record pour la présence des femmes dans les assemblées démocratiquement élues de par le monde.
Le rapport de l’IPU rappelle que ce taux n’excédait pas 11,3% il y a 20 ans. Le progrès est donc en marche, et certaines nations tirent tout particulièrement les chiffres vers le haut : les pays du Golfe, en pleine transition, mais aussi l’Italie ou le Rwanda qui ont vu leur personnel politique se féminiser à vitesse grand V ne sont pas pour rien dans cette nouvelle moyenne encourageante (sinon pleinement satisfaisante).
Avril : Et parmi les 100 « most influential » de Time, 42 sont des femmes…
Chaque année, le palmarès du Time fait l’événement. En 2014 peut-être plus encore que lors des éditions précédentes car, avec 42 femmes au top, il bat son propre record de mixité.
En l’occurrence, c’est une femme qui prend la tête du classement : la spectaculaire Beyoncé qu’une Sheryl Sandberg signant un enthousiaste éloge panégyrique qualifie de “boss”, qui ne se contente pas de “s’asseoir à la table” mais qui en dresse une “meilleure“.
Parmi les femmes de tête repérées par Time, on trouve aussi la Présidente de la réserve Fédérale américaine Janet Yellen, la directrice du Programme Alimentaire des Nations Unies Ertharin Cousin, la patronne de General Motors Mary Barra, la productrice Megan Ellison, l’écrivaine Donna Tartt, la militante pakistanaise du droit des filles à l’éducation Malala Yousafzai (faite prix Nobel de la Paix en octobre) et les incontournables Angela Merkel, Hillary Clinton ou Michelle Bachelet…
Mai : Un rapport mondial sur la parentalité au travail
L’Organisation Internationale du Travail a rendu public le 13 mai dernier un rapport d’étude comparée portant sur les politiques publiques d’accompagnement à la parentalité dans 185 pays du monde.
Dans 53% des pays, la législation suit la préconisation de l’OIT d’un congé maternité d’au moins 14 semaines. Mais 830 millions de travailleuses dans le monde ne bénéficient pas d’une protection légale suffisante au moment de la naissance d’un enfant.
Toutefois, un progrès notable est à observer : dans 46% des pays étudiés, un dispositif de congé paternité a été mis en place, le plus souvent assorti d’une rémunération.
Dans l’ensemble, le rapport de l’agence de l’ONU dédiée aux questions de travail salue une dynamique de progrès à l’échelle globale, mais attire l’attention sur l’accroissement des écarts entre les différentes régions du monde et encourage, pour renforcer la protection de la parentalité au travail, de la rendre moins dépendante des fluctuations économiques en privilégiant notamment un financement équilibré, mieux partagé entre employeurs et pouvoirs publics.
Juin : Le 24ème Global Summit of Women
Le 24ème Global Summit of Women s’est tenu à Paris du 5 au 7 juin 2014. Il a vu plus de 1200 personnalités de 86 pays se réunir pour faire un état des lieux complet de la situation économique des femmes dans le monde : élu-es, institutionnel-les, chef-fes d’entreprise et dirigeant-es, représentant-es d’association, membres de la société civile venu-es des cinq continents ont exploré ensemble les perspectives d’une participation accrue des femmes au développement et à la création de richesses.
Rendez-vous est donné à Sao Paulo en 2015 pour la 25è édition de ce rendez-vous dédié à l’empowerment et au leadership des femmes.
Juillet : Débats sur la médecine genrée
Cette année, le coeur de l’été n’aura pas vu (que) des marronniers sur-hâlés et des stars en maillot à la une des journaux : le numéro de juillet du magazine « Science et vie » titrait en effet sur la polémique qui agite le milieu des biologistes sur ce qu’on appelle la « médecine genrée »… Débat ouvert un mois plus tôt par la très sérieuse revue Scientific American qui révèlait que certains médicaments ont des effets secondaires différents sur les organismes féminins et masculins.
Si d’aucun-es s’inquiètent que de telles allégations apportent de l’eau au moulin des opinions essentialistes (qui insistent sur les différences physiologiques entre les sexes pour justifier une répartition figée des rôles sociaux), d’autres voient dans les progrès de la médecine différenciée selon les sexes une voie prometteuse pour l’égalité.
Admettre que les corps féminin et masculin ne fonctionnent pas toujours exactement de la même façon serait un préalable à une reconnaissance de la nécessité d’accorder des crédits de recherche spécifiques pour la santé féminine (parent pauvre s’il en est, de la recherche médicale), d’engager les process d’expérimentation des traitements sur la voie systématique de la mixité (les médicaments sont aujourd’hui majoritairement testés sur des hommes) et de gagner en efficacité dans la prévention.
Août : enfin une femme reçoit la Médaille Fields!
On l’appelle le “Nobel des Maths” : la Médaille Fields est LA distinction internationale pour les matheux de génie.
Les matheux et matheuses, peut-on enfin écrire depuis le 12 août 2014, jour où l’Iranienne Maryam Mirzakhani, que son milieu tient pour l’auteure du “théorème de la décennie“, se l’est vue épinglée au revers de la veste.
La première médaillée Fields est aussi brillante que… Modeste, en témoigne la confession de sa surprise d’être ainsi honorée : elle a d’abord cru à un hoax ! A moins qu’elle ne soit sujette, comme beaucoup d’autres, au complexe d’imposture? Allez, encore plusieurs femmes médaillées dans les années à venir et Mirzakhani se sentira moins une “bête curieuse” parmi les grand-es scientifiques légitimement admiré-es.
Septembre : C’est parti pour HeforShe, le Programme International d’implication des hommes pour l’égalité
Présenté au monde entier par la nouvelle porte-parole d’ONU Femmes, la célèbre actice Emma Watson, le Programme HeForShe se définit comme un “mouvement solidaire pour l’égalité des genres”.
Dressant le constat que le “combat pour l’égalité” a historiquement été essentiellement le fait de “femmes agissant pour les femmes“, HeForShe veut aujourd’hui s’appuyer sur le “stand up” d’hommes de plus en plus nombreux à aspirer à un meilleur équilibre des rapports femmes/hommes pour réussir ensemble l’égalité réelle.
Octobre : Le Programme EVE lance sa première édition Asie-Pacifique
Après le succès de sa cinquième édition européenne, le programme EVE a tenu en octobre 2014 sa première édition Asie-Pacifique à Shanghai.
Le challenge était grand ; réussir à retrouver l’atmosphère chaleureuse et bienveillante, le contenu stimulant et la vivacité des échanges qui font la recette tant appréciée du séminaire. Pari tenu, la première édition d’EVE Asie-Pacifique a été une réussite! Tou-tes les participantes ese sont montré-es curieux-ses, passionné-es, engagé-es et ont fait de cette première édition un moment de partage inoubliable.
Tou-tes sont reparti-es en disant qu’au-delà d’un séminaire de leadership, il s’agissait bien de clés de vie professionnelle et personnelle qu’on leur avait données.
Novembre : Quand Bloomberg News veut donner davantage la parole aux femmes de l’économie
Matthew Winkler, directeur de l’agence Bloomberg News, leader sur le marché de l’information économique et dont les dépêches donnent en quelque sorte le « la » des contenus business de la presse du monde entier, a officiellement demandé à ses équipes de veiller à la mixité des prises de parole. Au-delà d’une seule déclaration d’intention, il exige désormais que tout article consacré à l’entreprise inclue au moins une voix de femme.
Et d’ajouter que l’agence met à disposition de ses rédactrices et rédacteurs un répertoire de plus de 800 femmes légitimes et pertinentes pour éclairer l’ensemble des questions d’actualité économique. L’excuse « des femmes, on a bien cherché, mais on n’a pas trouvé » ne tient plus!
Décembre : Et si on gommait les écarts « inexpliqués » de rémunération entre femmes et hommes…
Après la publication, le 5 décembre, du rapport mondial sur les salaires de l’OIT, de nombreux jounaux ont titré « Les femmes devraient gagner plus que les hommes »! Voilà qui, sans être forcément contre-intuitif, s’inscrit tout de même à contre-pied de la réalité observée, ce que rappellent les rapporteurs de l’étude quand ils notent que dans les 38 pays qu’ils ont étudiés, sans exception, les écarts de rémunération entre les sexes persistent.
Pour comprendre ce qui, après lecture du baromètre OIT, a fait dire aux éditorialistes que les femmes mériteraient des salaires supérieurs à ceux des hommes, il faut entrer dans le détail des calculs de l’Agence onusienne. En effet, c’est en distinguant écart de rémunération « expliqué » (par un différentiel de qualification, d’expérience, de structure du marché du travail…) et « non-expliqué » (relevant donc de la discrimination), que les statisticien-nes de l’OIT aboutissent à la conclusion qu’en gommant les seconds, l’écart salarial entre femmes et hommes « disparaîtrait dans la moitié des économies développées« , voire s’inverserait légèrement dans certains pays (Suède, Brésil, Russie…).
En d’autres termes, le slogan « à travail égal, salaire égal » reste d’actualité et il est toujours nécessaire d’agir pour en faire une réalité… Ce qui n’empêche pas d’oeuvrer concommitamment à changer la donne pour réduire les écarts dits « expliqués », notamment en sitmulant les vocations féminines dans les secteurs porteurs…
Et vous, quelles actualités marquantes retiendrez-vous de l’année 2014?
Marie Donzel, pour le blog EVE.